- grolle
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• 1523, -1762; lat. gracula → 1. grailler♦ Région. (Ouest, Berry) Corneille, choucas, freux. grolle grolle [ grɔl ] n. f. VAR. grole ♦ Fam. Chaussure. « J'ai enlevé mes grolles parce qu'elles me faisaient drôlement mal » (Queneau) .I.⇒GROLLE1, subst. fém.Région. (notamment dans l'Ouest). Synon. de corbeau, corneille, choucas. On l'appelait Le Grollier, à cause des poils aussi noirs que les plumes de grolle qui couvraient son visage (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 14). Que le chant de ce petit oiseau me paraît frais et risible! et que le cri là-bas de ces grolles m'agrée! (CLAUDEL, Connaiss. Est, 1907, p. 84).Prononc. et Orth. : [
]. Grolle ou grole. Étymol. et Hist. 1523 (Pièce, ap. A. Richard, Invent. des archiv. du chât. de la barre, I, XLIII ds GDF.). Du b. lat. graula, lat. gracula « femelle du choucas ». Bbg. SAIN., Sources t. 2 1972 [1925], p. 227.
II.⇒GROLLE2, subst. fém.Arg. et pop., gén. au plur. Chaussure. Synon. pop. godasse, pompe. Il me truffe le cul à grands coups de grolles (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 148).— Loc. verb., au fig. Traîner ses grolles. Vagabonder, bourlinguer. Il avait eu une jeunesse difficile et avait dû traîner ses grolles un peu partout pour apprendre son métier et se faire une situation (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 276).Prononc. : []. Étymol. et Hist. [grole « savate, vieux soulier », du XIIIe s. vu l'existence de son dér. groliers « savetier » 1289 (Cart. de l'évêché d'Autun, 1re p., LXXXV, Charmasse ds GDF.).]; 1574 (Invent. de Barbe d'Amboise, 334, Seyssel, Cr. ds DELB. Notes mss. ) D'un lat. pop. grolla (cf. a. prov. grola « vieux soulier », mil. XIIIe s. ds LEVY) d'orig. inc.; mot bien vivant en occitan, en fr.-prov. et dans l'Ouest d'où il est passé dans l'arg. parisien à la fin du XIXe s. Fréq. abs. littér. : 23.
ÉTYM. 1523; du lat. gracula. → Grailler.❖❖HOM. 2. Grole ou grolle, grolles.————————ÉTYM. XIIIe, dial. (cf. Godefroy); argot parisien au XIXe; du lat. pop. grolla, attesté par l'anc. provençal, d'orig. inconnue. D'après le sémantisme « objet arrondi et creux » (cf. anc. franç. grole, crole; → Godillot), P. Guiraud suggère un étymon gallo-roman corrotulare, intensif de rotulare (→ Rouler).❖♦ Fam. ⇒ Chaussure, soulier.1 Ben, qu'on nous laisse au moins mettre nos grolles !Les grolles !… C'est devenu un mot, une chose tragique, pour ces pauvres pieds de fantassins (…) éraillés par le cuir des gros souliers, écorchés par tous les silex (…) Les grolles !… Depuis huit jours, on les soigne, on les réchauffe, on les masse, on les imprègne patiemment de la graisse des boîtes de singe, dans l'espoir qu'elles s'attendriront (…)Roger Vercel, Capitaine Conan, I, p. 13.2 Puis il errait dans Bordeaux, traînant sans but ses grolles.R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 50.3 (…) comme rien ne bouge encore au rez-de-chaussée, je fais reluire mes grolles avec un coin de berlue (couverture).A. Sarrazin, la Cavale, p. 347.❖HOM. 1. Grole ou grolle, grolles.
Encyclopédie Universelle. 2012.